Bachotage, marchandage et randos... vive le Guatemala !
Quoi de mieux pour finir en beauté cette merveilleuse année 2009 que de passer la frontière Belize – Guatemala le 31 décembre !
Guatemala, nous voici et nous sommes prêts à recevoir toutes tes merveilles ! Nous entrons donc par la grande porte à savoir par la route qui mène directement au magnifique site maya de Tikal.
Comme d’habitude, il nous fera grosso modo 2h (et oui on est toujours aussi lent et chiant) pour essuyer toutes les démarches administratives de la frontière. Promis, un jour quand j’aurai le temps je ferai une rubrique « pratique » où je décrirai les formalités dont il faut s’affranchir à chaque entrée dans un nouveau pays. Histoire que cela serve aux suivants mais aussi afin d’éviter la corruption des douaniers. Heureusement, nous nous préparons toujours et savons exactement quelles sont les différentes étapes qui permettront notre entrée et surtout les frais qui y sont associés. C’est ainsi que nous n’hésitons pas à envoyer bouler un agent qui nous demande des quetzals (monnaie du Guatemala) pour je ne sais quelle raison. On demande un reçu haut et fort histoire que tout le monde autour entende ce qui se passe et bizarrement, plus rien à payer !!! Quelques visites aux bureaux suivants et nous serons libres de déambuler dans ce fantastique pays à notre guise. Reste quand même le problème de l’assurance voiture. Et oui, depuis notre entrée au Mexique nous devons souscrire une nouvelle assurance dans chaque pays. Sauf, que le Guatemala est le 1er pays rencontré qui n’oblige pas l’assurance, ce qui veut dire qu’il n’y a pas d’agence à la frontière. Il faut rouler 70 km pour trouver la plus proche. Bien sur, les gens ici ne nous conseillent pas d’en prendre une et c’est finalement de que nous ferons en suivant les quelques voyageurs comme nous, qui ne la prenne que lorsqu’elle est obligatoire.
Allé, en route pour Tikal donc. Aie, ça commence mal, nos 1ers 20 km au Guatemala se feront sur une route en terre, néanmoins d’excellente qualité. Nous avançons vite et arrivons sur le site archéologique vers 14h. Nous partons repérer un coin pour se faire un beau réveillon en camping sauvage, mais sans succès. Nous nous retrouvons sur un chemin de rando plus étroit que notre voiture où la manœuvre pour faire demi-tour est folklorique. Tant pis, nous dormirons sur le parking du site ! Nous nous apprêtons à acheter nos billets d’entrée quand noud découvrons le prix exorbitant des tickets (merci Lonely Planet pour toutes ces informations toujours aussi peu fiables). Pas moyen qu’on paye la somme demandée. On passe au plan B. Nous tenons de Français rencontrés au Belize (en plein milieu de leur tour du monde en Land Rover) un excellent tuyau, qui eux même tiennent ça d’Anglais (pour eux traversée des Amériques aussi en 4*4) : un petit sentier nature découverte permet d’atteindre le site sans passer par le guichet (en entrant, à gauche au niveau du parking des taxis et bus). Nous tentons notre chance mais bim, un garde nous aperçoit et nous demande où on va. Innocemment, nous lui expliquons que nous allons faire une petite marche en attendant 15h30, heure à laquelle nous pouvons acheter des billets pour visiter le jour même et le lendemain – bien entendu, nous n’avons nullement l’intention de les acheter. Le gars ne démord pas et nous dit qu’on ne peut pas passer. Nous tenons tête, en lui expliquant que le sentier qu’on veut emprunter ne fait pas partie du site et qu’à moins qu’il nous montre un règlement on passera qu’il le veuille ou non. Bien entendu, il ne nous montrera rien du tout et malgré ses interdictions nous avancerons. Et puis, comme le Guatémaltèque est un peu fainéant sur le bord, il ne prendra pas la peine de nous suivre pour nous arrêter et voilà !!! Bon, c’est quand même mieux de faire ça tôt le matin et tard le soir en dehors des horaires d’ouverture pour être plus discrets. Ce que nous ferons le lendemain.
Sinon, le site en lui même est époustouflant : Palenque, Yaxmilian, Teotihuacan au Mexique avaient mis la barre très haute, mais Tikal sait leur fait concurrence avec ses magnifiques perroquets, toucans, coatis et singes. Nous y passons 3 heures le 31 et y retournons toute la matinée le 1er. Quelle chance de finir 2009 et de commencer 2010 avec de telles merveilles sous les yeux.
Notre seconde étape se situe plus au centre du pays. Sauf que nous n’avons toujours pas de réelle carte (nous n’en n’aurons jamais en fait) – impossible d’en trouver une au Belize et l’itinéraire est difficile à planifier sans savoir l’état des routes. Certaines nous tentent beaucoup (pas les plus accessibles) mais peut-on y accéder avec notre voiture ? Le Lonely ne nous aidera toujours pas. Au contraire, il ne fait que nous induire en erreur ! Mais comme on aime bien la difficulté, on se lance avec les conseils de quelques personnes. C’est ainsi que nous découvrons des vallées toujours plus belles et verdoyantes où la jungle est prédominante. Nous traverserons aussi des villages toujours plus pittoresques entourés de flans montagneux où les cultures envahissent chaque parcelle de terre.
Bien sur, tout ne se passe pas tout à fait comme prévu. Un énorme éboulement datant de plusieurs mois, nous obligera à dévier de notre itinéraire. Nous nous retrouvons sous la pluie (qui ne nous quitte plus depuis le Belize, la saison des pluies est censée être derrière nous pourtant) sur une route en terre totalement cabossée et boueuse qui descend à pique à flanc de montagne. Quelques sueurs mais nous avons bien fait de faire confiance au chauffeur de bus qui nous garantissait qu’on passer sans 4*4. Effectivement, nous sommes passés ! Bravo Venturette !
Nous arrivons finalement au village de Todos Santos où nous comptons nous poser 5 jours (notre record !) pour prendre des cours d’espagnol. Et oui, voilà notre 1ere bonne résolution !!! En fait, nous avouons que nous avons peu d’attente quant à nos progrès en espagnol en 1 semaine, mais l’intérêt est aussi de rester une semaine chez une famille maya à partager leur quotidien. Nous avions hésité à passer une semaine sur une ile déserte au Belize pour finalement abandonner l’idée jugeant que, nous connaissant nous ne tiendrons pas en place si longtemps, nous la prendrons ici cette semaine de pause. Et nous ne le regretterons pas.
La famille est extra : 8 membres ! Domingua la chef, ses 2 filles de 16 et 21 dont la plus âgée a déjà 3 enfants de 8 mois, 2 ans et 5 ans, son frère, son père et son neveu. Bref, y’a de l’ambiance. L’habitation est simple et rudimentaire (toilette au fond du jardin et pas de douche) mais fantastique aussi : excentrée du village, accessible seulement à pied (nous confierons notre Venturette à Alberto le voisin qui nous offre gracieusement un bout de son jardin) et au milieu des champs de mais. Cela nous vaudra de belles marches pour rejoindre l’école, mais nous bénéficions d’une vue incroyable sur tout le village. Nous avons aussi le privilège d’être dans une famille qui dispose d’un « chuj », sorte de sauna traditionnel dans lequel il est de coutume d’y passer une soirée après le diner une fois par semaine. Accessoirement, nous sommes censés nous y laver par la même occasion, sauf que ce n’est vraiment pas évident ! Enfin, en tout cas c’est bien agréable surtout que les soirées sont très fraiches dans ces montagnes.
Quand nous ne sommes pas en cours (chaque aprem avec notre prof particulier), nous arpentons les sentiers aux alentours ou restons avec la famille. Nous partageons des moments inoubliables à jouer avec les enfants, observer attentivement Domingua tisser sacs et tuniques toujours plus colorés, admirer le vaillant « abuelo » en pleine récolte du mais, contempler la fabrication quotidienne de tortillas préparées en quantité industrielle que Pierrick (et moi aussi un peu) dévore à chaque repas ! Objectif : faire reprendre les 8kg perdus par Pierrick au Mexique… Mais grossir n’est pas vraiment dans ces gènes je crois. Notre principale inquiétude initialement résidant effectivement dans le partage des 3 repas avec la famille. Nous insistons le plus correctement possible auprès du responsable de l’école pour être dans une famille où la nourriture est la plus fraiche possible. Nous savons bien que les frigos n’ont pas leur place dans toutes les cuisines mais refusons de retomber à nouveau malade. Nous avons bien fait de préciser cela car tout ira bien pour nous, alors que d’autres étudiants norvégiens dans d’autres familles seront malades des le 2nd jour. Les repas sont simples (soupes de légumes ou œufs ou haricots secs) mais si bons ! Et puis quel bonheur pour nous, pour qui le quotidien est rythmé depuis plus de 6 mois par un repas pris dans notre voiture, le réchaud entre nos 2 sièges à l’avant. Nous ne parlons même pas du plaisir que c’est de ne pas avoir à chercher un endroit où dormir et d’avoir un lit tout prêt.
Pour ce qui est de l’espagnol, je ne crois pas avoir beaucoup progressé mais des rappels s’imposaient. Pierrick quant a lui a pu se constituer un socle de bases solides qui doit être conforté maintenant par de la pratique !
Nous quittons un peu tristement notre famille mais avec encore plus de curiosité pour ce pays. Et oui, les cours dispensés par des indiens mayas sont aussi la meilleure opportunité pour nous pour en savoir plus sur ce pays qui est sorti en 1996 de 36 ans de guerre civile qui a fait 200 000 victimes. Ceci explique peut–être la crainte que nous pouvons lire sur chaque visage. Ici, pas d’assaut des locaux comme au Mexique pour nous arracher des pesos comme si nous étions des distributeurs automatiques. Au contraire, les Guatémaltéques restent distants. C’est principalement de la méfiance que nous pouvons lire sur leur visage. Mais de quoi ont-ils peur ? Pourtant la curiosité est là aussi et les regards se décrispent au son d’un Buenos Dias ! Et oui, nous allons vers eux à chaque village pour demander notre route (la signalisation s’est pas trop ça ici) et ils nous répondent pour leur plus grand plaisir !
En tout cas, nous aurons beaucoup appris : de ces femmes si fortes 3 fois mères à 21 qui travaillent toute la journée pour faire tourner leur foyer, à ces vieillards totalement usés par la vie qui travaillerons jusqu’à leur dernier souffle, à ces enfants dont nous savons pas vraiment s’ils vont à l’école ou s’ils travaillent dans les champs. Quel est l’âge décent pour commencer à travailler, faire des enfants, pour s’accorder une retraite bien méritée… tout cela est bien flou, et surtout bien loin de notre quotidien en voyage, au Québec ou en France. Nous ressentons bien sur un tel décalage. Comment pourrait-il en être autrement entre des pays avec un si grand décalage économique. Nous nous sentons forcément gênés lorsqu’on nous questionne sur notre voyage. Nous nous promettons aussi de ne plus jamais nous plaindre de notre vie de riches occidentaux. Promesse bien sur que nous ne pourrons pas tenir ! Nous avons chacun nos problèmes (peut–être pas si différents au final) mais sommes nous pour autant plus heureux qu’eux avec tout notre confort et nos avantages sociaux… Juste des objectifs et ambitions différents. Pas vraiment le temps de méditer à tout ça. Surement plus tard, à notre retour, nous réfléchirons à tout ce que voyage nous a apporté et a tout ce que nous y avons vécu.
Muni de notre meilleur espagnol, nous continuons notre route et planifions notre itinéraire au rythme des marchés « terrifiques » de chaque village. C’est un véritable casse tête : lundi pour l’un jeudi pour l’autre, nous ne voulons en manquer aucun ! Tous plus colorés les uns que les autres, nous prenons conscience de l’agitation perpétuelle qui règne dans ce pays. Des ruelles bondées saturées par la fréquentation, des artères totalement bloquées à la circulation automobile pendant des heures… Quand c’est jour de marché ça ne rigole plus ! Les gens arrivent de tous les villages aux alentours vêtus de leurs somptueux costumes traditionnels. Un véritable pèlerinage.
Alors forcément nous craquons !!! Fruits exotiques, légumes comme on ne trouvera jamais en France… et surtout tissus locaux, nous faisons un malheur ! Si je me laissais aller je prendrais tout !!! Tout est magnifique, je ne sais plus où donner de la tête. Hum, linge de table, de lits, déco… on se fait plaisir sauf qu’on n’a plus de maison pour mettre tout ça ! Mais nous gardons les pieds sur terre et nous nous livrons au jeu épuisant et excitant du marchandage. Et depuis le Mexique nous avons fait de sérieux progrès ! Enfin, on a quand même l’impression de se faire avoir… Pourtant on pensait être bons ! Nous résistons aussi plus au moins bien aux magnifiques enfants aux grands yeux noirs et aux belles chevelures brunes qui essayent de nous vendre tout un tas de trucs plus inutiles les uns que les autres. J’ai quand même pris Pierrick en train de se laisser amadouer par 3 petites chipies ! D’ailleurs, il ne passe pas inaperçu : il déclenche des fous rires dans chaque marché !!! Le géant barbu est montré du doigt : les enfants s’arrêtent de jouer, les hommes en pausent leur machette et les femmes en font tomber leur jarre qu’elles portent sur la tête ! Une bête de cirque !!
Pour ce qui est de nos nuits nous innovons la formule. De moins en moins folichon, mais la sécurité passe avant tout (avec le budget), nous dormons donc souvent dans les villages devant la porte du commissariat (ouvert 24 sur 24) ! Bon on vous l’accorde ça manque de tranquillité et d’intimité, mais nous n’avons rien trouvé de moins cher et plus sur.
Comment vous parler du Guatemala sans vous évoquer des volcans. Partout, ils sont là. Eteints ou actifs ils dominent le pays. Quelques heures de marche, nous permettrons d’approcher (pas de trop prés non plus), le magnifique Santaguito. Un peu de chance et nous assistons à une éruption détonante !!! Soudain, dans un sombre rugissement, le Santaguito bouillonne, s’énerve puis crache de tout son souffle tel un dragon. Nous restons ébahis, figés par le spectacle que nous avons sous nos yeux, ce volcan est classé parmi les 10 plus dangereux au monde.
Nous continuons par le 2ème des 3 volcans actifs du pays, le Pacaya. Ici rien à voir ! C’est carrément sur un flanc du volcan que nous pourrons approcher la lave ! A quelques mètres de cette roche en fusion rouge flambloyante, on se prend un peu pour Harun Tazief. A mesure qu’on approche de la lave, la chaleur est écrasante, étouffante. Nous marchons sur la lave encore brulante, nos semelles ne nous isolent pas entièrement et nous avons littéralement chaud aux pieds ! Pour cette ascension, le guide est obligatoire, du moins c’est qu’on nous dit et nous tombons dans cet attrape touriste.
Il y a aussi le magnifique, le majestueux… Lago de Atitlan ! Classé parmi les 10 plus beaux lacs au monde, il jouit d’un emplacement privilégié emprisonné entre les flancs de nouveaux volcans. Suivant les directions du Lonely, nous en feront le tour en voiture (40km à vue de nez) en passant par tout plein de petits villages. Tout se passe pour le mieux, quand la route se transforme soudain en une horrible piste cahoteuse zigzagant en montée dans la montagne. Le Lonely nous garantissait de l’asphalte sur tout l’itinéraire… désespérant, sans commentaire. Nous ne reculons pas devant l’obstacle et une nouvelle fois, Venturette (et son pilote) nous font une véritable démonstration de 4*4. Si nous sommes passés ici, nous passerons partout !!!
Entre tout ça nous trouvons un petit moment pour se prélasser dans les sources bouillantes de Fuentes Gorginas. Si chaud, que ça n’a pas été si évident pour moi d’y rentrer et d’y rester.
Mais il nous faut avancer et continuer toujours plus au Sud, nous passons donc la frontière avec le Salvador le 16 janvier pour un nouveau changement de décor !
PS : on ne crache pas sur les commentaires, histoire de montrer qu'il y a toujours du monde qui nous soutient :(