Trek 4 : Ausangate : Champion !
Bon, le Salkantai c’était bien drôle mais il est temps de revenir aux choses sérieuses ! Un trek, un vrai, dans les montagnes, sans vendeuse de snickers en chemin et surtout sans personne, même pas un Israélien ?!
Notre itinéraire : faire le tour du majestueux Mont Ausangate en 4 jours. Bon, on l’a expérimenté une fois, pas deux. Nous repartons en solo avec arriero, et cuisinier cette fois-ci. Nous avons trouvé sur le net grâce au blog d’une Canadienne le numéro de téléphone d’un arriero, Alejandro (GONZO HUAMAN 984 382 333, son frère 984 391 965) qui vit sur Tinki, point de départ du trek et qui propose des tarifs bien plus intéressants que sur Cusco. Nous tentons donc notre chance et après de multiples tentatives nous finissons par le joindre.
Même pas besoin de courir les marchés cette fois-ci, étant donné que nous aurons aussi un cuisinier qui se chargera d’acheter et de payer la bouffe.
Nous l’accompagnons quand même dans les mini tiendas de Tinki pour choisir les aliments.
En fait, nous ne marcherons pas le 1er jour, car avec notre voiture Alejandro, l’arriero-guide, préfère que nous avancions jusqu’à sa maison. Nous acceptons, lui faisons confiance sur l’état de la piste qui y mène. Nous n’aurions pas du. L’une des pires que nous n’avons jamais prises. Venturette souffre beaucoup dans les montées, sur les pierres aiguisées, dans la boue… Nous ne sommes absolument pas tranquilles, conscients qu’on abime notre voiture pour rien. Alejandro a beau nous répéter avec conviction « Buen Carro, buen carro » (de toutes façons tout ce qui est différent et surtout qui vient des States est super pour eux ! Ils croient tous que notre voiture est 4*4 alors que non, et que les leurs sont 1000 fois mieux. On échange quand ils veulent…), nous serrons les fesses pendant les 40 min de trajet. Une fois arrivés, nous doutons alors de la sécurité des lieux. Il nous assure que sa femme et ses enfants (et surtout le troupeau d’alpacas enfermés dans l’enclos juste à côté du stationnement) vont veiller sur Venturette. C’est vrai qu’on est au milieu de nulle part…
Monsieur l'alpaca
Nous passerons avec eux la 1ere soirée qui se révèle bien rustique. Nous dinons avec toute la famille dans une cahutte en terre de 2 m2 sans électricité, avec juste un feu de bois et un petit lit dans lequel ils dorment à 5. Nous doutons un peu de la réalité de ce scénario, étant donné que derrière tout ceci, Alejandro nous confie avoir une autre maison.
Nous découvrirons par hasard aussi une belle moto… Ajouté à cela, nous lui donnons pour ce trek la belle somme de 300 $ et sachant qu’il en fait toutes les semaines, je ne crois pas qu’il soit à plaindre. Bref, tout ceci n’est il pas monté pour nous attendrir et distribuer galletas aux enfants et propinas aux adultes...
Ici, Benjamin
J 1 : Après avoir passé la nuit dans la voiture dans leur champ, nous nous réveillons assez tôt pour préparer nos sacs. Ca commence mal, je ne me sens pas très bien : gros mal de gorge, nausées… On se dit qu’après le bon petit dej que Alejandro va nous préparer, ca ira mieux. Mais pas vraiment, on hésite pas mal, puis on lui en fait part et on demande à attendre un jour avant de partir. Etre malade entre 4000 et 5000, et ne pas avoir accès au moindre médoc pendant 4 jours nous paraît pas très raisonnable. Mais Alejandro ne veut pas attendre, il a un autre groupe de prévu juste après notre retour. Compréhensible…. Pas le choix, ca ira, faudra bien ! On part quand même et effectivement tout se passera bien.
Le 1er jour met la barre très haute tant au niveau des paysages qu’au niveau des commodités. Nous avons droit à un repas de roi le midi cuisiné par Pascual, cousin d’Alejandro : fricassée de petits légumes, pates frites, et pommes de terre rissolées. Dès les 1eres heures de marche, nous savons que nous avons fait le bon choix avec ce trek. Radicalement différent des précédents, il nous permet de découvrir un autre aspect des Andes : des paysages lunaires quasi désertiques aux couleurs surprenantes.
Nous passons le 1er col toujours proches des 5000 sans trop de difficulté ce qui rassure toujours l’arriero de voir que ses clients en sont capables.
De l’autre côté, nous redescendons vers la laguna Ausangate où nous établissons le camp. Nous y arrivons assez tôt pour une bonne sieste.
Mais l’heure du diner arrive vite, un peu trop à notre gout, vers 17h ! Nous comprenons vite pourquoi. Les 2 zozos veulent se débarrasser de nous et nous envoyer au lit le plus vite possible pour pouvoir être tranquilles avec la fille des montagnes. Ils passeront une nuit blanche à discuter avec la demoiselle qui garde les troupeaux d’alpacas broutant dans les montagnes voisines. Enfin, on ne leur en veut pas, car d’une part, ces derniers n’ont pas de tente pour dormir, juste une pour cuisiner et vu le froid qui sévit, le sommeil serait dur à trouver. Et d’autre part, ils ont l’excellente idée d’aller pêcher la truite dans la nuit qu’ils nous serviront le midi suivant.
J 2 : Après la nuit blanche de nos compères, la mise en route est un peu lente. Quand nous débarquons dans la tente-cuisine, la bergère est toujours là et l’attention est plus porter vers elle que vers nos tartines de pain…
Pourtant il va nous falloir des forces en ce jour, où nous allons battre notre record d’altitude avec un col à 5200m. Mais avant cela nous traversons de jolies plaines où alpacas et lamas batifolent.
Puis nous enchainons avec un 1er col à 5000 que nous monterons pour ainsi dire pour rien. Si ce n'est les vues bien sur...
On redescend tout ça en moins de 2, et réunissons tout notre courage pour celui à 5200. Nous quittons lagunas et glaciers pour trouver de nouveau un paysage plus désertique et toujours coloré.
Arrêt obligatoire en haut pour la séance photo – et récupérer un peu, l’air se fait rare par ici.
A peine une petite heure de descente et nous rejoignons le 2nd campement où nous attendons qu’une chose : LA TRUITE !!!
Malheureusement, elle ne sera pas exactement à la hauteur de notre espérance. Ces arrieros ont la satanée habitude de trop saler la nourriture. Là, ils ont quand même fait fort. Quasiment immangeable pour moi ! Allez c’est pas grave, il fait trop bon, nous avons encore une vue géniale, parfait pour une bonne sieste au soleil.
Nos amis vont pouvoir bien dormir cette nuit, puisqu’ils peuvent passer la nuit dans la cabane d’un local qui nous sert aussi d’abris pour manger.
J3 : Aujourd’hui, sur la carte du petit déjeuner, rien de moins que des PAN CAKE ! Si si tous frais, faits maison ! Waouhhhhhhhhh, ça c’est la classe et ça nous met de bonne humeur pour la longue journée qui s’annonce. On prend gout à marcher au milieu des alpacas, lamas et visconzas...
Nous arrivons en milieu d’après midi dans un hameau où on nous propose coca et nuit à l’hôtel que nous déclinons gentiment, bien que le site pour camper soit pourri.
J4 : Seulement 2h30 de marche pour revenir à la maison de l’arriero et retrouver notre voiture encore une fois en bon état. Mais ce qui nous attend, la terrible piste défoncée vers Tinki ne nous enchante guère. Alejandro et un des voisins en profite pour s’y faire resdescendre. Ils le regrettent sans doute quand après à peine 2min30 nous nous enlisons (tiens ça faisait longtemps !) lamentablement. Allez. Moi au volant, les 3 gars en train de pousser dans un sens puis dans un autre. Mais rien y fait, les roues avant sont totalement prises dans 20 cm de boue. A coup de pelle, on prélève de la terre pour la placer dans la mare de boue et faire ainsi une sorte de pont. Mais ca ne semble pas fonctionner beaucoup mieux. On persiste, parce qu’on n’a pas vraiment le choix, et aucune voiture ne monte jusqu’à ici- et pour cause. Venturette vrombit, la boue gicle de tous les côtés, le voisin qui c’était fait tout beau pour cette journée en ville est couvert de boue (ah oui, ça c’est vraiment drôle : lui, qui refusait d’aider au début, avec son beau jean tout propre, sa chemise sans un pli, ses chaussures vernies), se retrouve couvert de boue des pieds à la tête. Derrière le volant et donc un peu responsable et confuse mais surtout bien mesquine, je m’excuse sans trop le penser. Rien à faire pendant plus de 45 min, Venturette refusera de bouger du moindre cm. Alors on creuse et comme toujours nous finirons par y arriver. Alors, hein ? Buen carro ? Pas tant que ça, non ?! Alejandro fait profil bas, mais oublie vite tout ça en allumant à toute berzingue notre radio pour écouter les pires chansons péruviennes. Et non, pas « El condor pasa » qui au passage n’est pas péruvien mais Equatorien, mais une cacophonie s’apparentant à de la musique chinoise. « Cerveza, da me une cerveza, la la la », on est marqué à vie. Sans rire, il est fou de musique. La preuve pendant les 4 jours de trek, il a même amené son transistor (vous voyez celui que votre grand père a dans sa cuisine depuis la nuit des temps) qui fonctionne 24h/24. On a prié pour que les piles tombent en rade au bout du 2ème jour, mais non, elles ont tenues jusqu’à la fin. Des Duracelles surement…
Bref, après quelques autres passages délicats pour lesquels on préfère aller tester le terrain avant de s’y lancer, on finit par arriver au village. On reprend notre route à la recherche d’un endroit tranquille où on pourra manger et faire du rangement. On finira à la rivière du coin au milieu des locaux qui y lavent leur voiture et leur lessive. Pas bête, on s’adonne aux mêmes activités. Après tout le quotidien est le même pour tout le monde. Néanmoins, on ne peut pas passer la nuit ici, alors on va se trouver un coin perdu en pleine nature où nous pouvons nous reposer en paix.
Bilan de ce 4ème trek au Pérou :
Pierrick m’avait prévenu : « Tu sais, ce trek sera forcément moins bien que le Huayhuash, il ne faudra pas être déçus… ». Tu parles ! Ce trek est le meilleur de tous. Certes plus court mais avec des paysages tellement irréels, des animaux partout et surtout personne sur le sentier ! Pour ceux qui n’ont pas beaucoup de temps au Pérou, c’est encore la meilleure alternative. Bien que lorsqu’on a la possibilité de faire les 2, je crois qu’on a vu l’essentiel du Pérou.
Note : 5/5 pour ne pas mettre plus !!!
Difficulté : 3,5/5
Bon on arrive bientot ?
...et gravir toujours plus de cols.
Alejandro vidant la truite dans notre point d'eau...
Pierrick y lave ses chaussettes...