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Str & Pericou
4 novembre 2010

Huayna Potosi : 6088' : 1er cordée !

L’idée nous trotte en tête depuis bien longtemps. Nous avions renoncé au Cotopaxi en Equateur du fait de la météo pourave et de tarifs un peu trop gonflés. Cette fois ci nous ne louperons pas notre rdv avec le grand, le beau, le haut : Huayna Potosi qui mine de rien dépasse les 6000m ! De peu certes, seulement de 88m, mais ça reste un 6000 !

Comment donc ne pas craquer quand on sait que ce sommet est l’un des plus faciles 6000 au monde ! Pas besoin d’expérience juste une bonne condition physique qu’ils disent… Les chiffres ? 85% des grimpeurs y parviennent.

Allez, soyons fous, on se lance. Pas de réelle difficulté technique pour ce pic, pour autant nous ne pouvons partir seul. Piolet, crampons, et corde obligatoire. Nous faisons donc le tour des agences sur La Paz qui comme d’habitude proposent toutes exactement la même chose à des prix assez proches.

Nous devons d’abord choisir en combien de jours nous souhaitons le faire : 2 ou 3 jours. On nous conseille 3 jours pour nous assurer une meilleure acclimatation à l’altitude. Mais au vue des nombreux treks que nous avons à notre actif ces 2 derniers mois, nous choisissons de faire l’ascension en 2 jours.

 

 

Vendredi 27 aout est le grand jour, celui du départ. Nous embarquons dans un micro bus avec un Allemand et un Israélien bien sur, pour 2 heures de route de folie jusqu’au pied du sommet.

 

 

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Ouai, ouai, on a la banane, mais tout reste à faire…

2 En ce premier jour, nous devons rejoindre le refuge qui se trouve à 5130m, soit seulement 500m de dénivelé. Rien d’insurmontable en soit, mais c’était sans compter sur notre sac qui pèse 3 tonnes. Nous devons porter notre équipement pour l’ascension du lendemain. Je ne me rappelle pas avoir eu un sac aussi lourd ! J’ai l’impression que je vais m’affaisser sous son poids à chaque pas. Les 15kg que nous portions habituellement lors de nos treks aux USA et Canada, me paraissent largement dépassés. Peut-être pas au final, dur à dire… Cette 1ère journée n’est pas une partie de plaisir, bien que nous sommes en haut en 2h au lieu des 3 annoncées. Quand nous atteignons le refuge, il est à peine 15h30, ce qui nous laisse pas mal de temps pour profiter du paysage, se reposer mais aussi appréhender la journée du lendemain.

 

 

 

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4Du refuge, nous pouvons (ou pas selon les nuages)apercevoir le sommet du Huayna qui nous parait bien loin et surtout bien haut !!!

 

 

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On ne vous cache pas, qu’on se met à douter de nos capacités à faire cette ascension. Les commentaires gravés sur le refuge des anciens grimpeurs ne nous encouragent guère : « Réel challenge », « il faut savoir se dépasser », « repousser ses limites »… On a un peu la pression. Va-t-on y arriver ? Rien n’est moins sur.

Puis la soirée passe, on discute avec les uns et les autres. Finalement, peu ont d’expérience pour ce type d’ascension, certains même n’ont pas pris le temps de s’acclimater par un ou deux treks, et arrivent ici directement en descendant de l’avion. Cela nous rassure un peu quant à notre condition physique : nous sommes plus qu’entrainés, bien acclimatés et normalement l’altitude ne devrait pas nous posait problème, et surtout nous avons un mental d’enfer. Etre mentalement positif, voilà la clé de la réussite selon notre guide. Alors on reprend un peu de poil de la bête. Bien sur qu’on va y arriver ! On est là pour ca ! Et on ne renoncera pas si facilement…

 

Nous dinons relativement tôt écoutant avec attention le briefing des guides. Il y aura 2 départs. Un lot de grimpeurs partira à 1h (ceux qui marchent d’un rythme plus tranquille) et l’autre à 2h. Oui, oui du matin, en pleine nuit. Nouvel encouragement, notre guide au vue de la 1ère journée nous met dans le 2nd. Pour lui, il n’y a aucun doute, nous arriverons tous les 3 au sommet, à 6088m…

Le refuge qui est rempli peut héberger jusqu’à 20 personnes. A 19h30, tout le monde est au pieu dans le dortoir collectif où il fait bien loin de faire froid. Rien à voir avec nos bivouacs sous la tente. Si nous avions su, nous n’aurions pas pris tant d’affaires pour le froid, les sacs auraient été bien moins lourds. Pour autant, nous ne dormirons pas un poil. La pression et surtout l’excitation nous tient éveillés jusqu’au levé du 1er groupe à minuit. 00h30, c’est à notre tour. L’agence nous a prêté les vêtements appropriés : pour le bas, 3 couches seront nécessaires, 4 pour le haut ! Plus des gants énormes, cache cou, bonnet et/ou cagoule. Ben dis donc avec tout ça je ne sais pas si je vais réussir à faire un pas. Petit déjeuner obligatoire pour faire le plein d’énergie, puis il est temps de vêtir le matériel. Petit hic, quand Hilario, notre super guide, nous demande où sont nos harnais. Des harnais, quels harnais ? Il ne nous a jamais donné de harnais. On pensait qu’ils étaient au refuge. Mais non, ils ont du rester en bas. Ah ?! Bon, ben comment on fait ? On ne va pas redescendre… Nous ferons donc comme à la vielle école. Hilario me donne le sien, alors que Pierrick et lui n’auront que la corde.

 

Quand nous partons munis de tout notre attirail dans lequel nous ne sommes pas vraiment à l’aise, il est déjà 2h. Nous sommes les derniers qui plus est à quitter le refuge. La température à l’extérieur est étonnement clémente. Pas un poil de vent et il ne fait vraiment pas froid. Pourtant, nous sommes à plus de 5000 au bord d’un glacier. Le ciel quant à lui est magnifiquement clair…

Tout de suite, nous chaussons nos crampons et constituons la cordée : Hilario en tête, moi derrière et Pierrick en queue. Nos 1ers pas sur le glacier sont gravés à jamais dans nos mémoires. Là, au clair de lune, sous un ciel extraordinairement étoilé, à plus de 5000m à 2h du matin, nous avons conscience que nous allons vivre une expérience indescriptible. Pendant la 1ere demie-heure, nous nous familiarisons avec l’usage des crampons. Rien de bien sorcier, il suffit de marcher normalement. Hilario nous montre quelques techniques différentes pour grimper sans trop s’essouffler et se fatiguer les mollets. Nous progressons très très lentement suivant pas à pas l’avancée du guide. Nous en avons normalement pour plus de 6h, hors de question de partir en trombe. C’est parfait, ça nous laisse le temps de jeter quelques coups d’œil au ciel et de deviner le panorama qui nous entoure.

 

 

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Exactement dans ces conditions et à cette allure les 4 1eres heures passeront très vite et surtout comme une lettre à la poste. On se regarde : « T’es fatigué(e), toi ? », «  Non, et  toi ». «  Non plus ». Cool !!! Hilario semble lui aussi content de notre petite cordée.  Nous sommes partis une demie heure après certains et nous les avons rattrapés assez rapidement. Nous accueillerons même dans notre cordée, Philippe l’Irlandais. Sa cordée est en galère. Et oui, le pauvre est tombé avec l’Israélien très sympathique pour autant, mais qui s’est lancé là dedans sans trop savoir ce qui l’attendait. Il parle bien trop, ce qui, à moins d’avoir une pêche du tonnerre n’est pas trop compatible avec l’ascension.  De même que la clope à 5000m…

 

20Bref, avec l’arrivée de Philip nous abordons le 1er passage bien raide. Mais tranquillement, ce 1er raidillon se passe bien. Nous négocions aussi notre premier passage de crevasse, il y en aura bien d’autres…  Et étant donné mes prédispositions familiales quant aux chutes dans les crevasses (ah ah nièce indigne que je suis), je reste attentive.

Tiens au fait, le soleil s’est levé ! Quelle merveille ! Nous découvrons l’immensité de tout ce qui nous entoure. Les rayons du soleil qui illuminent le glacier nous offrent des panoramas à couper le souffle.

 

 

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Alors que tous les guides nous assurent que l’ascension ne présente aucune difficulté technique, j’émets une légère objection. Faire pipi avec 3 épaisseurs, un baudrier, à moitié dans la pénombre avec 2 groupes devant et 3 derrière, le tout encordée, relève de l’exploit !!! Echec pour moi...

Nous poursuivons pendant un petit moment par une montée progressive. Puis, alors que tout allait bien, nous commençons à trainer la patte. Que se passe-t-il ? Nous avons tout simplement passé le cap des 5800m ! Nous manquons d’oxygène et l’ascension devient tout d’un coup nettement plus difficile. A partir de ce moment nous irons vraiment plus que lentement. Impossible pour moi de marcher plus de quelques minutes en continue. Il me faut des pauses de quelques secondes plus que régulières pour reprendre mon souffle. Les gars derrière semblent les apprécier eux aussi. La fille qui s’arrête semble le bon prétexte pour récupérer. Je ne manque pas de jeter un regard noir à Hilario qui essaye de nous pousser un peu plus. Quand je te dis qu’il faut que je m’arrête, il faut s’arrêter,  non mais. Tellement hors d’haleine, que je me demande si ce n’est pas Pierrick qui se laisse trainer sur la corde pour m’embêter ?!!! Non, t’es sur ? Bon… Pourtant, ça serait bien ton genre !

Et ainsi pendant plus d’1h30, nous ferons du 2 à nous arrêter toutes les minutes. Lentement, mais surement, nous avançons, dépassons encore quelques autres groupes. Assez drôle, chacun jure dans sa langue contre cette maudite montagne pour se redonner un peu de motivation. Au moins, tout le monde est dans le même état, c’est rassurant.

Puis nous attaquons un passage du tonnerre de Zeus. A pic, sur la glace il va falloir trouver les forces. Cela devient un peu plus périlleux. Il faut planter les crampons dans la glace, mais aussi ce piolet dont on ne sait vraiment pas trop quoi faire, pour trouver un peu d’équilibre et des points d’appuis. Hilario en premier, moi derrière qui m’applique à reproduire le plus fidèlement possible chacun de ses mouvements et les gars qui suivent. Allez, encore un peu d’effort, et après un passage vraiment scabreux et tuant… NOUS Y SOMMES !!!

…en haut de ce passage, mais pas encore au sommet. A ce moment là, assis le cul dans la glace, en train de réaliser à quel point ce que l’on fait est dur, nous pouvons le voir ! Oui, le sommet, il est là, à quelques centaines de mètres plus loin, et quelques dizaines plus haut. Oui, à ce moment on sait qu’on peut la faire. A ce moment là, plus aucun doute nous arriverons en haut. Nous sommes si proches, c’est dur certes, mais pas insurmontable. L’espace de quelques minutes je suis prise d’une légère euphorie. J’ai envie de courir, de sauter. Hum, nous sommes au bord d’un vide gigantesque. C’est pas vraiment le moment. S’en suit alors une phase plus émotive : comme une gamine j’ai envie de pleurer, de soulagement (pourtant nous ne sommes toujours pas arrivés  en haut) mais surtout de joie.

Allez, après 10 minutes, nous devons repartir. Nos derniers pas se feront sur une crête partiellement enneigée et glacée.

 

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Nous devons conjuguer avec le vide qui nous menace sur notre droite et nos crampons entre roche, glace et neige. Pas évident. Surtout que nous sommes physiquement bien entamés. Alors que nous ne pensions pas que cela été possible, nous irons encore plus lentement qu’auparavant. Mais la vue du sommet si proche et si beau nous redonne des ailes. Pas après pas, OUI, nous y parviendrons !!!

VICTOIRE !!! NOUS Y SOMMES ! LA… 6088 mètres !!! Enorme. On n’en revient pas. On l’a fait !!!

 

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10La vue est grandiose. D’un côté on devine à peine le lac Titicaca et de l’autre c’est toute la Cordillera Real qui nous fait face. Séance photo obligatoire. Sous tous les angles, Hilario fier de ces grimpeurs nous prend en photos.

 

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13Un 2nd groupe nous rejoint avec qui nous partageons volontiers un bout de ce somment pourtant si exigu. Puis l’espace de quelques minutes, tous les gars descendent et je me retrouve en haut toute seule. Petit moment de gloire, moi qui apprendrait à ce moment que je suis la seule fille à être arriver en haut aujourd'hui. Non ce n’est pas moi qui suis particulièrement résistante, ni les autres qui sont nulles. C’est juste une question d’acclimatation et d’entrainement. Il est clair que nous étions plus que bien préparés pour ce sommet.

Au bout de 20 min, nous devons libérer la place pour les suivants. Nous entamons la descente en toute allégresse, mais nous devons rapidement retrouver nos esprits pour aborder les passages délicats. Il s’agit de ne pas se foutre dans le vide.

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Tout se passe bien même si nous avons bien hâte de retrouver les parties les plus faciles du glacier. Sous un soleil de plomb et une chaleur surprenante, nous descendons les yeux remplis de bonheur et surtout tournés vers toutes ces montagnes qui nous entourent.

21 Philip néanmoins semble accuser le coup. Lui qui se retrouve dans la descente en tête de cordée, ne semble plus marcher très droit et avoir un peu de mal à s’orienter. Hilario décide alors de mettre Pierrick en tête.

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24Partis les derniers du refuge, nous serons les 1ers arrivés au sommet et les 1ers de retour au refuge, ce qui nous laisse tout le loisir de nous reposer avant les 2h de descente jusqu’au bus.

 

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En conclusion, cette ascension restera un des moments forts de tout notre voyage. Cela a été dur, très dur, mais nous nous attendions à bien pire ! Pas de « surpassement » ni de repoussage des limites. Nous avons bien moins souffert que la moyenne, ce qui est à la fois très satisfaisant mais aussi un peu frustrant. Nous en voulons encore plus ! Un  peu comme la plongée nous découvrons par cette 1ere ascension de nouvelles sensations indescriptibles. Des moments inoubliables. Quand on y a gouté, on ne peut plus s’en passer…

Mais pas demain…il va nous falloir quelques jours pour récupérer.

 

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