Entre baleines, éléphants de mer et pingouins …
Changement total de décor deux jours plus tard quand nous arrivons sur la côte Atlantique ! L’océan, qui plus est Atlantique, ca fait un bail ! Nous sommes restés sur les plages renversantes du Venezuela, l’ambiance est tout autre ici. On ne compte pas se dorer la pilule sous un cocotier, mais scruter les plus belles danseuses d’Argentines, les baleines !
Nous sommes restés un peu sur notre fin lors de notre dernier rdv avec elles en Equateur. Nous voulons retenter notre chance ici, du côté de la célèbre péninsule de Valdez, qui est un des meilleurs endroits au monde pour les observer. Nous sommes confiants, nous sommes dans la bonne saison.
Quelques infos prises dans la ville de Puerto Madryn et nous roulons vers la péninsule sans trop savoir si on va rentrer dans le parc, toujours cette histoire de tarif spécial étranger. Nous envisageons une possible entrée de nuit pour éviter de passer à la caisse. Trop impatients, nous nous arrêtons en route pour essayer de repérer nos 1erès queues. Ca ne loupe, en même pas 5 min, nous en distinguons 4 au loin ! Nous repérons une plage qui nous permettrait de les voir de plus proche. Le site doit être connu, quand nous débarquons à 8h du soir (et oui, depuis l’Argentine, le soleil ne se couche pas avant 8h), 4 camping car immatriculés en France sont déjà sur les lieux. A peine le temps de descendre de la voiture, que nous apercevons une mère et son petit à même pas 50m du bord. Le baleineau nous offre même un joli saut en guise d’accueil, nous sommes aux anges !!!
Bien que nous n’irons pas faire connaissance avec les autres voyageurs vue l’heure tardive, nous
nous apercevons que nous « connaissons » l’une des familles. Ce ne sont autres que les « Matons » de qui nous recevons des mails d’infos pratiques par le biais d’autres voyageurs.
7h, nous sommes sur le pied de guerre, sur le sable en train de petit déjeuner. Les baleines, on vous attend. On n’a même pas le temps de finir de manger que la 1ère arrive. Elle est proche, très proche ! Comment est ce possible ? Elle va s’échouer… Que fait elle là ? Elle longe la côte, nous la coursons par la plage. En fait, il n’y en a pas qu’une.
Elles sont souvent par 2, la mère et le petit. Nous serons particulièrement chanceux cette matinée là, elles sont 8 au total (dont une albinos) à jouer sous nos yeux. Nous parlons ici des baleines franches australes qui font une douzaine de mètres.
Les Matons, Gilles, Natacha, Alex (13ans) et Théophile (9ans) assistent eux aussi au spectacle. Difficile de faire les présentations quand une baleine tape de la queue derrière,
une autre fait la plus parfaite des planche,
une autre fait semblant de couler pour attirer l’attention, une autre nous fait des pschitts retentissants,
une au loin fait un saut monumental, une ouvre son immense bouche et nous laisse voir ses fanons,
une autre tourbillonne sur elle-même, une dernière tape des nageoires… Bref, la totale ! C’est un véritable ballet. Nous sommes là pour elles et faire les belles elles aiment ça. Et dire que nous hésitions à prendre une excursion en bateau pour les approcher. Nous ne pouvons pas les voir mieux alors que nous sommes sur la plage. Nous réalisons que ce qui se produit sous nos yeux est inoubliable. Nous enchainons les « Ohhhhh », « Ahhhhhh », « Houuuuuu » et ne savons plus où donner de la tête. On n’en espérait pas autant.
Nous allons rester ici quasiment 3 jours, car à chaque nouvelle journée, le programme est le même. Entre 6 et 8h nous sommes réveillés par leurs souffles et leurs chants qui annoncent leur arrivée. Encore endormis nous sortons pour le plus poétique des réveils. Vers 14h, elles sont de retour un peu plus passives, et rebelote en soirée pour une nouvelle exhibition. On ne s’en lasse pas, qui le pourrait ?
Entre temps, on échange avec les Matons, on fait connaissance avec une française qui voyage seule depuis plusieurs années dans un camion aménagé -2 pièces, plus grand que ce que nous avions à Paris avec lave vaisselle et lave linge !!! et un couple de retraités. Ca ne s’arrête pas là. Non, nous n’avons pas la berlue, c’est maintenant Ula et Mick (couple Autralo-Polonais rencontré au Costa Rica) qui débarquent. Génial, plus on est de fous plus on s’amuse !
Entre 2 apparitions des baleines, nous partageons nos expériences autour d’un petit apéro sur la plage. Ahhh, ça sent les vacances ! Nous décernons la palme à Ula et Mick, qui se sont mis dans une sacrée galère en nous faisant une terrible sortie de piste en Equateur un jour de pluie, leur van se retrouvant dans le décor dangereusement incliné et prêt à valdinguer dans le précipice. Les photos sont saisissantes. A un tel point, qu’ils doivent évacuer le véhicule sans pouvoir prendre quoi que ce soit avec eux. Plus de 5km à pieds sans chaussure (trop dangereux d’aller les chercher à l’intérieur) pour trouver de l’aide. Tout le monde s’en sort indemne, le van y compris. Waouh, on est d’autant plus content de vous revoir sachant cela. Comme quoi, c’est très vite arrivé.
Ensemble, nous déplorons aussi le triste rapport avec les Péruviens et maudissons ces Argentins pour leur habitude honteuse de surfacturation vis-à-vis des étrangers. Eux comme nous, déciderons de ne pas mettre un pied sur la péninsule. Voilà le résultat, à force de grossir les tarifs les gens finissent par renoncer. C’est tout ce que l’on souhaite au tourisme du pays !
Jeudi 21 octobre, nos routes se séparent. Les Matons accusent le coup à moins d’un mois du retour en France, alors que nous reprenons notre route vers le Sud forts de bons plans en poche. Merci !
Un autre très bon spot « nature » nous attend un peu plus au Sud, à Punta Ninfas.
Ula et Mick qui galèrent pour renvoyer leur van canadien d’Amérique du Sud au Mexique, nous y suivront pour se changer les idées. Au programme, ballade entre voyageurs le long de la plage au milieu d’une des plus grandes colonies d’éléphants de mer du coin.
On se retrouve littéralement nez à nez avec eux assistant au combat des males,
à la tétée des petits
et aux tentatives de séduction du grand chef qui ne sait plus où donner de la tête dans son harem.
D’un côté, plus d’une dizaine de femelles avec leurs petits,
de l’autre autant de males vaincus sanguinolents que le combat a épuisé.
Oui, merci, on sait on pue
Bye bye
En revanche, impossible de prendre l’apéro dehors ici à cause du vent, nous trouvons refuge dans le génialissime van d’Ula et Mick autour d’un bon thé à la mode argentine bien sur. Alors ? Ben, c’est juste de l’eau chaude avec un léger gout de tabac qu’on boit à la paille.
Encore une fois, nous devons quitter nos compagnons de route qui non seulement nous ont permis de nous sortir un peu de notre quotidien à 2 (plus d’1 an sans voir nos copains, c’est long), mais en plus nous ont filé des infos du tonnerre pour la suite qui nous donneraient presque envie de sauter les 3 prochains mois de voyage pour y être plus vite. A suivre…
Nous n’en avons pas fini avec la faune marine. Nous voulons tenter notre chance à Puerto Rawson pour déceler les plus petits dauphins au monde, les Toninas. Malheureusement, ces derniers se cachent. Avec une excursion cela aurait surement été plus facile. Nous nous décidons alors à se pencher sur le remplacement de notre filtre à air et de nos plaquettes de freins. Quasiment impossible à dégoter ici en Argentine, les vendeurs nous rassurent et nous renvoient vers la zone franche de Punta Arenas, au Chili où nous devrions trouver notre bonheur.
Ce n’est pas grave. Les pingouins nous attendent à Cabo Dos Bahias… Nous tentons toutes les approches possibles et imaginables pour établir un léger contact avec ces petits bonhommes noirs et blancs présents en quantité innombrable.
Mais, en ce début de printemps, les femelles méfiantes restent collées à leurs œufs prêts à éclore qu’elles couvent dans leur trou.
Les méchantes mouettes rodent et attaquent tout œuf abandonné. Afin de ne pas les contrarier, on se garde bien de leur dire qu’ils n’ont pas que la couleur du putois (si vous voyez ce que je veux dire…) et nous préférons les admirer dans leur braiement passionné.
Les guanacos sont eux aussi de la partie plus beaux que jamais.
Une nuit dans le coin a traqué le passage des orques qui se font rares en cette saison, et nous partons vers la grosse ville, Comodoro Rivadavia (quelque chose dans le genre). Nous avions le choix entre revenir sur nos pas et retrouver le plus rapidement possible l’asphalte, ou longer la cote via une piste sur 200km. Nous avons opté pour la seconde ce qui nous a, dans un 1er temps, permis de voir toujours plus de guanacos mais aussi de jolis lièvres, de splendides perruches aux couleurs bien flashies et le surprenant mara, sorte de lièvre géant à moitié biche.
Mais encore une fois, nous payons notre audace.
1- La route se détériore et on explose nos « quesos » à chaque nid de poule caché aux pires endroits. 2- Notre tableau de bord nous signale que nous n’avons presque plus d’essence
3- Ces débiles de moutons suicidaires à poil qui ne ressemblent à rien après la tonte, nous font de belles frayeurs en se jetant sous nos roues
4- Impossible de faire plus de 3km sans rencontrer une barrière que les gauchos (propriétaires des estancias (fermes) environnantes que nous traversons) ont installée pour empêcher leurs animaux de s’enfuir. Heureusement, pas de cadenas. Il faut juste s’arrêter, descendre, ouvrir, passer et refermer. Trop chiant, et puis ce n’est pas l’idéal pour lutter contre notre pénurie d’essence.
On apprécie quand même la beauté des paysages, parce que c’est aussi ça l’Argentine. C'est-à-dire : RIEN ! Des kilomètres et des kilomètres sans rien, juste de la pampa… Nous ne nous sommes jamais sentis aussi paumés et seuls. D’ailleurs, on se dit que Florent Pagny doit surement être installé dans le coin.
Après 70 km sur la réserve d’essence, nous pouffons de soulagement quand nous retrouvons la route nationale 3. Pour autant, il ne faut pas espérer faire le plein avant Comodoro à encore 60km. On serre les fesses (on a toujours notre bidon dans le coffre mais la flemme) et puis nous avons confiance en Venturette, elle ne nous a jamais trahie… ou si peu. 40, 30, 20, 10 kilomètres, allez, trop bête de remplir maintenant. On est si proche, on va y arriver. C’était sans compter sur un maudit feu rouge en pleine montée à exactement 1,3km de la station service !!! On rage ! Ce feu a tout fait foiré. Obligé d’utiliser notre bidon. Depuis la dernière fois, on a quand même acheté un entonnoir et même avec ça, on en fout la moitié à côté. Enfin, on aura quand même réussi à faire 130km sur la réserve, cette voiture est GÉ-NIA-LE !
Une fois Venturette réhydratée à la pompe, nous continuons vers Puerto Julian. La route est droite, plate, ennuyante à mourir. C’est bien sympa la pampa, mais c’est surtout bien monotone. Nous aimerions bien en garder pour le lendemain et nous trouver un endroit où passer la nuit. Comble de l’ironie dans ces terres où règne l’espace vide, impossible de s’écarter de la route principale, tout est barricadé. Nous devons attendre une jonction avec une autre route pour y espérer trouver un petit coin.
4 heures plus tard le lendemain et 2 virages plus loin, nous bifurquons et quittons la RN 3 pour le Circuito Costero, boucle costale à 30 km au Nord de Puerto Julian. 1er point d’intérêt la loberia où des dizaines de lions de mer (non pas des éléphants qui sont plus gros) lézardent sur un rocher. Si proches que nous arrivons à discerner les impressionnantes crinières des males, d’où leur nom.
Des petits nous font aussi de jolis plongeons à corps perdu dans la mer déchainée.
Des jolis cormorans à pattes rouges se laissent photographier au passage.
Prochaine étape le parc de Monte Leon. En chemin, l’Eldorado : une station service avec internet et surtout DES DOUCHES CHAUDES !!!! Des douches c’est déjà extraordinaire, mais alors quand l’eau est chaude et illimitée, c’est le PARADIS !!!
Propres comme un sous neuf, on est toujours décidé à atteindre Monte Leon dans la soirée. Grosse déception : le parc est fermé jusqu’au 1er novembre. Triplement contrariés car on ne sait plus où dormir, ajouté au fait qu’on va arriver trop tôt à Ushuaia, et qu’on a plein de bouffe dans la voiture qui ne passera jamais au Chili pour rejoindre la Terre de Feu.