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Str & Pericou
12 juin 2010

4850m : 1ers pas dans les Andes escortés par les forces armées colombiennes

Libres, nous sommes ! On ne perd plus une seconde et filons tout droit vers ce que nous attendons depuis des mois : LES ANDES !!! Au Nord du pays, c’est dans la Sierra Nevada del Cocuy que nous ferons nos premiers pas dans ces montagnes mythiques.

2 La route est longue, très longue, vachement longue même. Ce n’est pas 6h, ni 8h , mais quasiment 10h qu’il nous faudra pour rejoindre Guican, un des points d’entrée du parc depuis Barichara. C’est long, c’est sur mais c’est aussi magnifique et surtout bitumé ! Nous redoutions de ne pouvoir y accéder avec notre modeste Venturette, mais grâce à Vincent et Maryline qui nous indiquent cet accès, nous y sommes. 2000, 3000 et enfin 4000 mètres, nous n’en finissons plus de grimper. Les vues sont bouleversantes, voire « dramatic » comme on trouve souvent dans les guides anglophones. Ce terme s’adapte plutôt bien ici.

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Nous consacrons notre 1er journée à l’acclimatation à cette altitude peu familière pour nous. Ce que nous redoutons : maux de tête, nausées et épuisements au moindre effort. Ce qu’il en sera : on verra plus tard.

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Nos 1ers lamas au passage

Nous cherchons des infos sur les randonnées à faire et devant l’absence des guides locaux, c’est finalement auprès de militaires que nous obtiendrons des renseignements. Ils sont plus d’une cinquantaine, une sorte d’école venue effectuer des entrainements de marche sur glace et d’escalade. Le coin est plutôt réputé pour ses innombrables glaciers. De fil en aiguilles, on s’entend avec l’instructeur pour partir avec eux le lendemain jusqu’au glacier de Rito Kuwa Blanco, soit une ascension de 3h pour 900m de dénivelé. Hum, on prévient que c’est la 1ere fois que nous sommes à une telle altitude. Ok, il est 16h et nous sommes tranquillement en train de bouquiner dans notre voiture quant Hernando vient nous secouer et nous met au parfum militaire. Descendez de cette voiture et allez marcher, qu’il nous lance ! SIR’ YES SIR ! 2h de marche pour constater les effets de l’altitude. RAS tout va pour le mieux. 18h, à peine rentrés que nous sommes invités à partager le diner de ces Messieurs ! On ne se fait pas prier et finissons avec plaisir notre assiette.

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Coucher 19h30, il s’agit d’être en forme pour le réveil de 5h ! Pfffffff, dur dur de se mettre au pli militaire. On nous attend à 5h30 pour le petit dej’ où on a droit à de succulentes arepas. Nous partons en tête devancé de Hernando. Waouhhh, les 10 premières minutes sont hard : va falloir baisser le rythme Chef ! Ce qu’il fera, lui-même est hors d’haleine. Mais en 1h nous sommes rattrapés par les 4 autres gaillards partis 1/2h après nous.

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Péniblement, nous y arriverons ! Ou ça ? Au glacier bien sur ! A 4850m, s’il vous plait. Rappelez moi, à combien est le Mont Blanc ??? Hi hi ! Partis de 4000m, plutôt 3960m pour être exacte, 900m de dénivelé dans les pattes et les poumons, nous pouvons toucher nos 1ères neiges éternelles andines.

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Mais je ne vais pas vous mentir et vous dire qu’on a fait ça les doigts dans le nez. Pour ma part, pas de mal de l’altitude, bien qu’un petit mal de tête aurait été une bonne excuse pour des pauses supplémentaires. Non rien de tout de cela pour moi, juste une grosse fatigue, des jambes faiblardes, un souffle coupé. Plus on monte, plus c’est dur mais plus les vues sont époustouflantes aussi. Alors pas à pas, je progresse mais à quelle allure ! 10 pas pour 10 secondes de repos sur la fin. Heureusement, Pierrick (qui lui ressent un léger mal de tête et une certaine fatigue aussi) en mari aidant et dévoué m’allège un peu la charge que j’ai sur le dos. Les militaires eux aussi sont aux petits soins pour nous : ils nous guident, nous imposent le repos, nous abreuvent, nous nourrissent et me délestent de mon baudrier. Un baudrier ? Oui, notre instructeur croit que nous allons les accompagner pour 3h de plus sur le glacier. Une fois, la neige atteinte, bien sur, nous hésitons…On continue ou pas ? Pierrick se sentirait (bien que ce soit difficile à dire), et moi, oui, un peu, 1/2h qui sait une heure au max, mais certainement pas 3h.  Pour ne pas les ralentir, ni les bloquer dans leur ascension, nous décidons raisonnablement de ne pas les suivre.

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On les regarde quand même s’équiper  (baudrier, piolet, crampons, casques…) pendant que le ciel se couvre.

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Les frailejons, ces plantes caractéristiques des Andes qui ne poussent qu’au dessus de 4000m

Nous avons fait le bon choix : la descente est longue et nous arrivons bien exténués avec pour seule idée en tête de se mettre au chaud sous la couette dans la voiture. Nous n’aurons pas ce plaisir, à peine arrivés, voila que 2 assiettes nous attendent. On a beau dire qu’on a déjà mangé (non seulement la nourriture de nos compagnons de rando + notre propre pique nique), rien y fait. Nous sommes aux ordres ! 15h30, repus et cassés, nous quittons tout juste la cuisine, que José le cuisto nous annonce que le souper est bientôt prêt. Il nous attend entre 17 et 18h. On va exploser…

Après notre sieste, on remet ça. Il faut faire honneur à la cuisine colombienne. Petite soirée avec nos randonneurs ayant affronté vent et neige sur le glacier.

Nous redormons en toute sécurité parmi eux et profitons du petit déj qu’on nous amènera dans la voiture au réveil. 

Mais il est temps de faire nos adieux. Dommage, c’était mieux que l’hôtel 4 étoiles. Un autre sentier nous attend dans une autre vallée. Avant cela, une journée OFF, ou disons plutôt de repérage, nous n’aurons pas de guide cette fois ci.

Nous abandonnons aussi l’idée de partir pour un trek de 5 jours face au froid redoutable la nuit et à cette maudite pluie qui sévit en milieu d’après- midi. Nous partons donc pour une journée à la recherche de la Laguna Grande de los Verdes.

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Le chemin est bien tracé, mais nous en fait suer. Partis à 3900m, nous passons un premier col à 4300m,

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puis une redescente à la Laguna à 4000m, plus une remontée bonus (c’est moi qui insiste, euh, j’ai peut être un peu présumé de ma forme) à 4200m.

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Voilà, maintenant, il faut faire tout ça en sans inverse !!! DUR DUR ! Mais quel bonheur. Nous évoluons au milieu des frailejons, ces plantes caractéristiques des Andes qui ne poussent qu’au dessus de 4000m.

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Les glaciers sont toujours en toile de fonds. Nous revenons lessivés, toutefois bien contents d’être passés entre les gouttes.

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Nouveau jour OFF pour profiter de ces spots de camping sauvage en Venturette qui valent tous l’or du monde.

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Puis nous migrons vers un autre point d’entrée du parc, du côté du village del Cocuy.

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Labourage des champs aux boeufs

Ici, c’est le fameux Pulpito del Diablo qui nous attend. Lui aussi nous en ferra voir de toutes les couleurs. Une rando de 10h, avec une montée cassante quasiment à la verticale en milieu de parcours. Nous traversons plaines verdoyantes et marécageuses, profitant de panoramas spectaculaires avant d’atteindre la neige à 4900m.

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25Malheureusement, nous serons dans les nuages, et bien que le Pulpito ne soit qu’à 20m de nous, nous aurons du mal à discerner le bloc de roc dans son socle de glace.

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La descente (plus de 4h) sera assez douloureuse pour moi : des cloques au talon me font souffrir le martyre, et celles sur mes pauvres lèvres brulées par le vent et le froid n’arrangeront pas mon sort.

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Néanmoins, vers 17h, avec 20km dans les jambes, nous pouvons apercevoir notre Venturette et mettre fin à nos peines. Mais non, nous découvrirons avec malheur que nous avons un pneu à plat. Et oui, la route pour arriver jusque là est une mauvaise piste. Nous sommes d’ailleurs arrêter en chemin, jugeant que nous n’arriverons jamais à remonter certaines pentes. Ce qui au passage nous rajoute quelques km à pied. Bon, c’est parti on se décide à changer notre pneu avant la tombée de la nuit. C’est pas sorcier, cela va nous prendre 15 min, et après nous pourrons profiter d’un peu de repos. Sauf que cela va nous prendre un peu plus de temps que prévu.

1-    Parce que nous sommes garés sur un terrain instable et en pente. Pas évident de positionner le crick. On y parvient quand même

2-   Parce que nous nous rendons compte que notre 5ème jante de secours (celle que nous avons acheté au Panama en prévision d’une crevaison sur une piste où notre galette ne nous serait d’aucune aide), n’est pas compatible avec notre voiture. Les BOULES !!! On a fait confiance au gars qui nous la trouvée au Panama, on n’aurait pas du.

3-    On se résigne donc à mettre notre 6ème roue de secours classique. Pfffffffff, on n’a pas d’autre choix, mais les choses ne se présentent pas bien.

Nous devons passer une première pente assez raide avec des pierres énormes. Nous craignons que Venturette ne soit pas d’attaque pour la passer avec ce soulier de misère. Pourtant si, elle monte ! Nous nous arrêtons chez l’un des Frères Herrera qui vie à 300m, guide de montagne, nous lui demandons le lieu le plus proche pour faire les réparations. Une fois n’est pas coutume, nous sommes au milieu de nulle part. Nous avons pris une piste pendant 1h pour sortir du 1er village. Lui nous assure que nous y arriverons avec notre galette. Ok, il a raison. On y arrivera, sur les 600 prochains mètres. Une nouvelle montée et Venturette fait des caprices. Une fois, par la gauche, une 2ème par la droite, puis une 3ème avec élan, une 4ème sans moi, une 5ème pour être bien sur… Bon voila, elle refuse d’aller plus loin et notre galette et elle aussi à plat !!!!

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Les boules, on n’a même pas fait 1km avec !!! Sur nos 6 roues, nous en avons donc 3 fonctionnelles et 3 autres inutilisables  !!! Et surtout, nous sommes bloqués en pleine montée au milieu de la piste. Aucun espace pour se ranger, nous bloquons totalement la circulation – enfin, pas grand monde qui vient en voiture jusque là.

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On retourne voir le frère Herrera pour envisager une solution. Il est 19h, il fait nuit et on est mort. En plus, on n’a toujours pas mangé de la journée. Au bout d’une heure d’intense de discussion, nous tenons notre solution, mais la journée qui nous attend le lendemain ne va pas être une partie de plaisir. Puisque Venturette ne pourra aller jusqu’au garage, il va falloir amener notre roue. Mais personne ne passe par là, aucun espoir de monter dans un pick-up qui redescendrait au village à plus d’1h en voiture. Seul recours : LE LAITIER ! Il passe tous les jours à 7h30 pour faire sa tournée qu’il achève à Cocuy. Mais il va falloir arriver jusqu’à lui, à plus de 2km de là où nous sommes boqués. 2km pas la mort vous allez me dire ! Pierrick ne sera pas de cet avis quand il lui faudra porter notre pneu+jante qui doit bien peser dans les 25km. Si nous arrivons à trouver le laitier, nous pourrons amener notre roue à réparer. Cependant, comment faire le chemin inverse ?

2 choix :

- attendre le lendemain que le laitier reparte (il ne fait pas l’aller-retour dans la journée). Ce qui sous entend une nuit à l’hotel à Cocuy (commence à faire cher pour un pneu creuvé) et surtout laisser Venturette au milieu de la piste pendant unjour et une nuit. Le frère Herrera ne nous rassure pas trop et nous conseille de ne pas laisser la voiture seule, et nous suggère l’idée que je reste la nuit pour veiller sur Venturette. Pas convaincue, si c’est dangereux, je ne me vois pas trop rester seule pour faire peur aux bandits. Nous évoquons l’hypothèse que ce soit Pierrick qui reste (guère plus emballée), auquel cas je ne vois pas trop comment faire pour transporter seule la roue.

- autre solution, rester tous les 2 avec la voiture et confiez la roue au laitier qui se chargera de la faire réparer et de la ramener le lendemain. Mais peut on lui faire confiance, à quel prix et comment remonter la roue jusqu’à nous. Envisageable en descente, irréel en montée.

- selon le frère, il serait possible de revenir en moto-taxi (le taxi tout court est hors de prix). Imaginez la scène : le conducteur, un de nous 2 + le pneu sur la moto pendant une heure sur une piste de montagne qui tortille et grimpe jusqu’à 4000m !

C’est pourtant comme cela que ca se passera. Après une nuit peu reposante, ne sachant pas comment cela va se passer, nous sommes obligés de nous préparer à toutes les possibilités. Nous préparons donc nos sacs et nourriture, au cas il faudrait passer une nuit en bas. Le trajet jusqu’au laitier est une épreuve pour Pierrick. Nous avions sous-estimé le poids de la roue. Nous mettons plus d’1h à faire les 2km, qui en seront plutôt 3, en cherchant la meilleure technique pour déplacer cette roue. Bien-sûr la faire rouler est impossible : trop de bosses, de trous, de virages et de montées. Pierrick doit se le farcir sur le dos. A bout de force pour lui, nous parvenons à la jonction indiquée. Mais nous avons comme le pressentiment que le laitier ne passera pas ici. Nous continuons donc jusqu’ à enfin croiser quelqu’un qui nous indiquera que le laitier passe à quelques mètres plus loin. Effectivement, 2 minutes plus tard nous y sommes et le laitier aussi. Juste à temps, pour que Pierrick grimpe avec le pneu dans le camion. Il nous confirme qu’il trouvera quelqu’un en ville pour remonter en moto. Pas le temps de réfléchir, Pierrick avisera sur place si cela n’est pas possible.

Je remonte en 1h à la voiture ne sachant pas trop quand mon cher et tendre, et notre roue vont revenir… En attendant, notre situation fait bien rire le frère Herrera qui profite de l’absence de Pierrick pour me faire des avances douteuses.

Il faudra à Pierrick plus de 3h pour rejoindre le village dans le camion du laitier. Il s’arrête dans toutes les fermes dispersées dans les montagnes. Seul au milieu des pots de lait, l’expérience est néanmoins assez anodine.

Plus le temps passe, plus je doute que l’option de la moto soit envisageable. Comment pourraient-ils tenir à 2 avec un pneu de 25 kg sur une telle route ? Et pourtant, à tout juste midi, la moto est bien là avec Pierrick qui tient dans ces bras la roue réparée. YES !!! Il me raconte l’interminable aller dans le camion du laitier et surtout la folle remontée en moto. Il a bien failli passer par-dessus bord à plusieurs reprises (il a même du descendre pour certains passages), il n’empêche qu’on y est arrivé. Il reste plus qu’à remonter cette roue et nous pouvons emmener Venturette chez le même garagiste pour faire limer notre 5ème jante afin qu’elle puisse s’adapter à notre voiture, comme  ce que l’on penser. Si seulement cela avait été la cas, on aurait évité tout ce bazar ! Comme quoi une simple crevaison, peut vite nous mettre dans un sacré pétrin !

C’est sur cet épisode que s’achève notre 1er séjour inoubliable dans les Andes…colombiennes !

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Commentaires
J
Te souviens-tu du Merdassier dans les Alpes??
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