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Str & Pericou
20 décembre 2010

Dis, si on allait au Nord pour changer…

Fini les vacances, il est temps de reprendre notre route. Dur dur de poursuivre quand on sort de 12 jours enchanteresques pendant lesquels on s’est fait chouchouté. Adieu les tonnes de bouffe, le confort d’un matelas, les douches chaudes…

On avoue accuser d’un petit coup de blues en remontant dans Venturette. Et puis qu’est ce qu’on fait maintenant qu’on est au bout ? Facile, on fait demi-tour : en route vers le Nord !

11ère étape qui nous ramène à la réalité, un arrêt obligatoire dans la très moche Rio Grande mais où l’on trouve le meilleur lavaumatique du pays. Tellement longtemps que nous n’avons pas fait une lessive autre qu’à la main, nous n’avons d’autres choix que d’écouter les précieux conseils d’Ula et Mick : on y fonce et on n’y fait pas une machine mais deux !

Après ces réjouissances, on grimace un peu à l’idée de retrouver ce mauvais ripio (piste de graviers). Afin de préserver notre pare-brise, nous décidons de rouler de nuit ou presque (il fait jour jusqu’à 22h) pour croiser le moins de véhicules possible. Après avoir passé la frontière, nous nous arrêtons juste avant le détroit de Magellan pour une dernière nuit en Terre de Feu.

Le lendemain, comme à l’aller nous reprenons le bac qui nous permettra de rejoindre la route qui mène à Punta Arenas au Chili. Mais cette fois ci, les toninas sont au rendez vous et nous avons tout le loisir de les voir sauter et jouer dans les vagues du bateau.

 

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Une journée et demie à Punta Arenas, juste le temps de trouver un nouveau filtre à huile, de faire la vidange, d’acheter de nouvelles plaquettes de freins, sans oublier de faire un tour dans la zone franche de la ville. Nous avons besoin de « renouveller » notre garde robe et de plus de mémoire pour notre ordi.

2 Libérés de toutes ces obligations, on se replonge dans nos guides. Un très bref arrêt un peu plus haut à Puerto Natales pour y recueillir quelques infos sur le parc qui fait l’objet de toutes les attentions, je parle du mythique Torres Del Paine !

Torres Del Paine est un peu ce qu’est le Machu Picchu au Pérou, et le Perito Moreno en Argentine. Un incontournable… Notre but est d’y faire un nouveau trek. 2 choix : le très populaire « W » qui promet 100 % de paysages spectaculaires en 4 jours, ou « Le Circuito » un peu moins fréquenté, un peu plus long et qui rejoint le « W ».

Avec du temps devant nous et surtout tout plein de motivation, on choisit le plus long et nous nous préparons donc pour 6 à 7 jours de marche le long des 135km du « Circuito ».

4Dimanche 28 novembre, victoire nous arrivons à faire rentrer dans nos sacs 7 jours de bouffe et pleins d’affaires chaudes pour les nuits frisquettes. Pas de guide, ni d’arriero et mule cette fois-ci. Nous redécouvrons le plaisir de marcher à 2 au gré de nos envies. Par contre, on renonce au grand confort de la couette et de la marche sans sac. Un trek supposé sans grande difficulté si on ignore les caprices de dame météo qui sont redoutables dans le coin.

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J1 : Depuis notre point de départ, le Lodge de Las Torres, il nous faudra 22km environ pour rejoindre un ancien site de campement sans service, aujourd’hui fermé mais où on peut toujours camper librement. Après les chutes de neige de la veille, nous partons encouragés sous un ciel partiellement nuageux. Un sentier bien large assez plat pour ce 1er jour qui nous permet d’avancer assez rapidement.

 

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Enfin, jusqu’au moment où on expérimente les méfaits du redoutable vent patagon. Ok, on s’y était préparé, mais quand même !!! Sur 300m, à flanc de montagne, nous sommes réduits à l’état de poussière face à un vent que nous n’avions jamais connu jusque là. Si je ne m’envole pas c’est grâce au sac que je porte. A chaque pas, le vent me projette contre la paroi (heureusement qu’il souffle dans ce sens) sur laquelle je m’écrase. Pas vraiment drôle. Dans une de mes chutes, je perds une de mes bouteilles d’eau que Pierrick ira récupérer 15 min plus tard quand on s’en aperçoit.

8 17h30, après 7h30 de marche, nous atteignons le campement en bord de rivière à l’abri du vent. On monte la tente, se ravitaille en eau (eau potable non contaminée dans chaque rio du parc) et faisons la popotte dans notre tente. 20h, nous profitons des derniers rayons du soleil avant une nuit de sommeil bien méritée et allons suspendre notre nourriture à un arbre pour la protéger des rongeurs.

 

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J2 : au réveil, le temps est un peu moins favorable. Nous sommes quand même contents de savoir que notre modeste tente a résisté au vent tonitruant qui a sévit toute la nuit. Quand nous repartons, il bruine déjà. Pantalons de pluie, imperméables, guêtres, nous nous préparons à une aggravation. Judicieuse idée : ca ne s’arrange pas et le sentier est dans un état lamentable. Lors de certains passages proches de zones marécageuses, nous galérons pour trouver une bifurcation qui nous évite d’avoir de la boue jusqu’à mi-mollet. Après 2h de marche, nous constatons l’imperméabilité toute relative de nos équipements et choisissons de faire une halte dans le refuge Dicskon pour y trouver un peu de chaleur.  A 11h du matin on s’y fait offrir une boisson chaude. 1h passe, pas d’amélioration. On y pique nique. 2h, 3h, 4h s’écoule. Il pleut de plus en plus. 15h, il est temps de prendre une décision : soit passer la nuit ici ce qui implique de grosses journées à suivre si on veut se tenir à notre timing, soit poursuivre jusqu’au prochain campement à 4h de marche. Mais marcher sous la flotte dans le vent sans rien y voir ne nous amuse que très modérément. Comme tout le monde, nous espérons des jours meilleurs et restons sur place. Au coin du feu, on essaye de faire sécher nos affaires. Nous montons la tente sous la pluie incessante, cuisinons à l’intérieure, et dans une atmosphère bien humide partons nous coucher à 19h. Pfffffff, qu’est ce qu’on fout là…

J3 : Réveil 5h30. Le ciel est un peu plus dégagé que la veille. On avale notre avena en vitesse et reprenons le sentier. Les 4 premières heures de marche se passent dans une belle forêt de lengas avec quelques ouvertures sur une belle vallée et un énorme glacier qui se jette dans un lac plus bas. Nous constatons que les chutes de neige de la nuit sont de plus en plus basses.

 

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En fait, de jolis flocons nous accompagnent même dans cette forêt dans une ambiance très « Jingle bell ».

Le sentier monte un peu au début, sinon c’est plat. On trace autant qu’on peut de peur de se prendre une nouvelle averse. Mais c’est finalement sous une véritable tempête de neige que nous arrivons au campement Los Perros. Un coup d’œil rapide au glacier voisin que nous devinons à peine étant totalement dans les nuages. Nouvelle décision : rester ici ou continuer, pas qu’un peu, puisque selon les estimations, il nous faudrait 3h de plus pour passer le seul col du circuit, le Paso Gartner à 1288m, et encore 2 bonnes heures pour atteindre le campement le plus proche de l’autre côté. Autrement dit, 4h+3h+2h, une grosse journée. On demande conseil, et à, à peine 11h, sommes plutôt partants pour enchaîner, surtout que nous pouvons apercevoir un  peu de ciel bleu. Ca n’arrive pas si souvent par ici, on ne veut pas louper notre chance. Le petit-dej est déjà loin, on prend le temps de manger au chaud dans le refuge avant d’attaquer le col. Nous comptions y monter en moins de temps qu’annoncé, râpé. Nous trouvons les temps de parcours plutôt difficiles à tenir. A croire qu’on se fait vieux !

Le temps se maintient et ca c’est plutôt encourageant. La couche de neige qui recouvre le sentier dès le départ l’est un peu moins. Enfin c’est toujours mieux que les passages périlleux dans la bouillasse dans la forêt. Quand on la quitte définitivement,  après 1h30, nous constatons avec inquiétude que le col nous parait très loin, très haut et énormément enneigé. Bon, bon, bon, on ne va pas reculer. Il est 13h30, nous avons du temps devant nous. Même si d’autres randonneurs sont passés plus tôt dans la matinée, nous avons bien du mal à suivre leurs traces que le vent et la neige ont déjà effacées. Pendant près de 2h, Pierrick en tête, fait un travail de titan à fouler cette neige immaculée.

 

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Cela fait déjà un petit moment que nous avons semé l’Italien qui est parti avec nous. Peut-être a t’il fait demi tour ? Nous avançons lentement mais surement. C’est long certes, mais le vent reste raisonnable (enfin pour la région), le sentier est bien indiqué, et les paysages sont grandioses.

 

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14 A plusieurs reprises, nous croyons y être mais non, toujours un poil plus loin et un chouilla plus haut.

Sous la neige et sous un vent excessivement fort nous y arriverons au bout de 3h. Je vais tenir mes promesses, et vous avouer que oui, j’ai essayé de passer les 30 derniers mètres à 4 pattes (pour donner une idée de la force du vent, 1 semaine avant tout un groupe de randonneurs l’a passé en rampant ?!). Histoire de rendre le truc plus compliqué et désagréable qu’il ne l’est déjà, la neige est verglacée. Aucune photo en haut, comme vous l’imaginez, les conditions ne s’y prêtent pas trop. On redescend aussi sec.

De l’autre côté, la vue est magique. C’est tout le glacier Grey qui s’offre à nous. Une monstrueuse langue de glace qui descend à l’infini de la vallée voisine pour se jeter dans le lac du même nom. Nous ne sommes pas déçus.

 

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De gros nuages nous arrivent en plein dessus on entame la descente. Les jambes fatiguent, les pieds éternellement mouillés nous font souffrir et le sac tire sur les épaules. On cumule quelques beaux gadins dans la neige, préférons des glissades sur les fesses moins dangereuses et fatigantes que sur nos jambes et maudissons les marches irrégulières du sentier. On marche à n’en plus finir, n’arrêtons pas de descendre et de monter, mais pas de campement à l’horizon. On commence à trainer de la patte.

19 18h, nous y sommes. Fatigués, mais contents. On va pouvoir enfin sortir nos pieds bien maltraités de nos chaussures. Tout rabougris comme si on était restés des heures dans le bain, on espère qu’ils retrouveront un aspect normal pour le lendemain.

Alors que nous nous apprêtons à manger, nos amis suisses partis du même campement que nous débarquent. Frais comme la rose, ils avouent eux aussi que la journée a été dure. Une nouvelle nuit dans le vent où on redoute qu’une branche nous tombe sur le nez.

J4 : Le plus dur est derrière nous, on ne se lève « qu’à » 6h30. Avec appétit, mais alors avec vraiment beaucoup d’appétit (nos estomacs sont toujours habitués aux rations gargantuesques ingérées sur le bateau en Antarctique), on engloutit nos maigres 4 cuillères d’avena. Les temps sont durs.

Ne sachant pas trop jusqu’où nous irons aujourd’hui, on s’attaque aux véritables montagnes russes du sentier. Nous enjambons ou se faufilons sous les troncs qui barrent le chemin. Encore plus exténuant, on franchit les croisements de rivières à coup d’échelles géantes. Heureusement, le glacier que nous n’arrêtons pas de longer et toujours là pour nous en mettre plein les yeux.

 

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Plus ça va, plus on se demande si ca vaudra vraiment le coup d’aller au Glacier Perito Moreno après celui-ci et notre séjour en Antarctique.

Après notre pause pique nique que nous attendons depuis le petit dej avec impatience, nous repartons autant affamés sur un sentier plus ouvert et donc plus exposé au vent.

 

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C’est fou comme ca souffle, on a bien du mal à garder une trajectoire rectiligne. On passe quelques campements qui nous paraissent trop proches. Nous voulons rattraper le temps perdu.

2316h, nous arrivons au lodge du Lac Pehoe.

 

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8 heures de marche et 20 km, je crois qu’une pause est nécessaire. On resterait bien là, sauf qu’il faut payer 15$ dollars pour planter sa tente ici et qu’on sait qu’à 8km plus loin, il y a un site de campement gratuit… Les Suisses avec qui nous marchons continuent. Avec seulement 12 jours de vacances en Patagonie on comprend bien qu’un jour de gagné sur ce trek est un jour de plus ailleurs. Allez, 28km ça ne nous fait pas peur ! C’est reparti pour 2 heures de marche.

Le vent a chassé les nuages (faut bien qu’il serve à quelque chose) et nous pouvons admirer pour la 1ere fois ces majestueuses tours qui font la réputation du parc.

 

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18h30, nous pouvons pouffer de soulagement : nous sommes au bout de nos peines pour la journée, le campement Italiano est là, envahi par un nombre impressionnant de randonneurs. Ca y est nous avons rejoint l’itinéraire du « W ». A voir le monde alors que nous ne sommes pas encore dans la haute saison, nous n’osons imaginer ce que c’est en janvier ! On se trouve tant bien que mal un espace entre 2 troncs pour y planter notre tente.

J5 : Hors de question de se refaire une journée de fou, on a besoin de « repos ». Pour autant, on ne compte pas rester dans nos sacs de couchage toute la journée. On prend notre temps pour se mettre en route le matin et décidons de laisser notre tente au campement le temps d’arpenter cette fabuleuse Vallée Française.

 

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Pas très rassurés, nous ne laissons que la tente et prenons tout le reste avec nous. Nous serons finalement les seuls à monter avec des gros sacs, c’est vrai on est un peu paranos.

A 11h, nous sommes au mirador qui offre des vues plus que saisissantes sur les tours. Panorama spectaculaire à quasiment 360% qui nous pousse à continuer un peu plus haut via un sentier fermé pour profiter un peu plus.

 

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Après le pique nique au soleil, Pierrick décide de continuer jusqu’au col alors que je me laisse aller à une petite sieste dans ce décor de rêve.

Alors que nous étions partis pour une journée tranquillou, il est déjà 17h quand nous retrouvons notre tente. Pas le temps d’aller au camping suivant (enfin, un gratuit, on fuit les autres, le prix de l’entrée du parc est déjà abusif), on passera une nouvelle nuit à Italiano au milieu de back-packers peu discrets.

J6 : Objectif retrouver Venturette. Pour cela, nous longeant via un sentier sensationnel le lac Nordenskjold où on en prend plein les yeux. Que de couleurs entre le bleu turquoise du lac et le rouge flamboyant des arbustes en fleurs.

 

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En plus, il fait beau : le ciel est bleu, le soleil brille et les oiseaux chantent ! Sans rire, ça change tout : c’est tellement plus agréable comme ça !

15h, Venturette est toujours là et nous nous jetons sur nos stocks de bouffe. Ok, la prochaine fois, on prendra un peu plus de vivres. On voulait se la faire à la dure, mais bon difficile de marcher quand les estomacs crient famines. De 15h à 20h, on ne fera que manger, manger et encore manger.

J7 : Et non, ce n’est pas fini ! On a bien apprécié cette nuit au chaud dans la voiture et sommes requinqués pour les derniers 750 mètres de dénivelé qui nous conduiront au mirador de Las Torres. Trop facile de marcher sans sac (ou presque), nous sommes en haut en moitié moins de temps que ce qui est annoncé. Beaucoup de chance en cette ultime journée. Peu de vent, pas un seul nuage, nous ne pouvions rêver mieux.

 

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Et voilà, mission accomplie. Encore pleins de merveilleux paysages en tête, ce trek restera parmi les plus beaux. Bien contents de pouvoir ajouter Torres Del Paine à notre petite liste, nous reprenons notre route vers l’Argentine…

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Commentaires
J
Bon alors là va falloir nous envoyer des points de coordonnées GPS par ce que là ...on est perdu... Mais ou êtes vous donc ???? :-))<br /> Sans rire, si vous m'envoyez des coordonnées je vous fait la carte de votre périple !!!<br /> <br /> Bises et JOYEUX NOEL !!!!!
J
Allez voir le Perito Moreno : n' hésitez pas!!!<br /> On comparera les photos
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